Cintrer le vivant
Leelou Guével Balbusquier & Chaire IDIS
Leelou Guével Balbusquier & Chaire IDIS
Leelou Guével Balbusquier
Olivier Assouly dans son livre « l’amateur, juger, participer et consommer » dit : « L’amateur est dans le faire, tout en se gardant une réflexibilité sur sa propre pratique. Il construit et affûte son goût dans la durée, l’amateur s’ouvre à des modes d’action et des possibilités d’existence inattendue. » Mon projet de diplôme de fin d’études est né d’une volonté de démontrer cette observation, que j’avais également faite lors de l’écriture de mon mémoire. Mon intention était de m’immerger dans un apprentissage complexe, pour générer de nouvelles réflexions et/ou formes. J’ai donc choisi une technique que je n’avais jamais pratiquée : le cintrage du bois. J’ai tout d’abord questionné et observé l’histoire de la courbe dans le milieu du bois. Toutes ces observations, je les ai retranscrites dans plusieurs volumes. C’est au travers de ce premier exercice d’observations et de récolte que j’ai pu préciser mes envies : celle du travail de la branche, du bois vert, de l’écorce et de ce qui fait appel au vernaculaire.
Influence du vivant
Aujourd’hui : en France, on observe une déperdition des savoirs faire, une pénurie de matière première, une difficulté de culture et d’entretien des forêts en raison des changements climatiques. D’un coût de plus en plus important du transport, de la transformation dans les milieux du BTP, et finissant par atteindre l’industrie du bois. Comme nous le montre l’histoire, l’emploi des branchages a été un moyen direct et simple de créer toutes sortes d’objets. Dans certains domaines et régions, des techniques se sont développées autour de l’utilisation de ce matériau. Cela permettait aux personnes de toujours être approvisionné en branchages, en bois de chauffages, bref d’une matière première solide et transformable. Aujourd’hui, l’utilisation d’une telle matière est rare, elle est présente dans des milieux très particuliers comme les campagnes… Je trouvais donc intéressant et pertinent de ramener ce matériau à un usage moins traditionnel, tel que le mobilier, ou le mobilier sculptural.
Création d’outils
Après de nombreuses expériences d’appropriation de ma matière, est venue la nécessité de me former et d’essayer davantage la technique du cintrage, j’ai donc conçu une étuve, une potence, des gabarits, et j’ai déployé mes propres moyens pour cintrer. En m’inspirant d’outils et de techniques tirées de l’existant récolté au travers de mes recherches. Cintrer n’a pas toujours été facile, le cintrage des sections rondes, est d’ordinaire moins simple que celle de lamellé-collé, mais l’usage d’une matière non-uniforme fut d’autant plus complexe. Mon apprentissage a été un chemin sinueux et je suis passée par de nombreux essais/erreurs. Mais c’est grâce à cet apprentissage que j’ai créé mon propre savoir-faire, mes propres méthodes d’analyse et d’interprétation de mon matériau.
Négociation du sauvage
Ces mises en scène, sont des démonstrations de ma maîtrise dans plusieurs éléments sculpturaux. Chacun d’entre eux est pensé de manière légèrement différente, pour que je développe des idées, des mises en œuvre ou des assemblages différents. Je les considère ici comme des mises en situation de ma maîtrise acquise depuis le début. Cette maîtrise est finalement devenue comme un outil pour créer des objets. Ces pièces, je les ai pensées afin que la personne qui les regarde ne les voies pas comme des objets finis, mais des scènes vouées à interprétations, pouvant être réinvesti. Les pièces de métal cintrées sont comme une aide au dessin de mes matériaux. Cette matière agit comme une rhétorique/ une négociation avec mon matériau sauvage. Je suis finalement à ce stade de ma recherche dans une proposition à cheval entre l’objet et la sculpture et cela me permet de ne pas figer dans le temps mon apprentissage. Cette proposition de « rêveries » entre sauvage et domestiques témoignent de l’ampleur que peut prendre mes productions.
• Janvier – Avril 2022 : Entretiens avec Aurélie Fouillet (19/01) Benjamin Graindorge (08/02), Olivier Petitjean (09/03), Fabrice Poncet (15/03), Guillaume Thireau (16/03), Ludovic Avenel (29/03), Albane Salmon (11/04)
• 16 décembre 2022 : première Collégiale
• 10 mars 2023 : Collégiale
• 21 Avril 2023 : Diplôme Blanc
• 16 Juin 2023 : DNSEP, obtenu avec les félicitations du jury
• Septembre-Octobre : Exposition Design’R, Le Cellier, Reims
Site internet
Conception graphique et numérique : Olaf Avenati
Typographie : Brandon Grotesque (roman, italic, medium, medium italic), Hannes von Döhren / HVD Fonts
Moteur du site : WordPress
Cartographie interactive
Conception : Véronique Maire, Olaf Avenati, Philippe Rivière, Audrey Bigot, Bastien Mairet
Contenus
Textes : Emeline Eudes, Véronique Maire, ou signatures précisées
Photos : Chaire IDIS / Esad de Reims, Baptiste Heller, Thierry Malty, Claudio Grassi & Max S. Volonté…
Tous droits de reproductions réservés.
Remerciements
Claire Peillod, Eric Balicki, Patricia Ribault